Un petit monde perduLes Tamariniers, à Mafate, offrent souvent la nudité d’un dépouillement hivernal.Le soir, tôt, une nappe de brouillard impose un miroir mélancolique et poreux aux villages des plateaux et des montagnes.Mafate est le berceau de toutes les dissidences.Les Noirs marrons ont été, selon les accidents de l’Histoire, rejoints par d’autres frères de refuge et de pauvreté qui, eux, avaient la peau blanche et qui devinrent parfois des beaux-frères.Sur la côte, Mafate fut souvent ressentie comme une île dans l’île. Là-bas, depuis des générations, à l’écart de tout, les actes essentiels d’une vie communautaire – abandonnée dans les nuages d’une histoire arrêtée – entretiennent l’énigme de l’enclave la plus célèbre du pays.La géographie, dans un sursaut de fidélité envers ces femmes et ces hommes de la solitude, reste une bataille de pics, de sentiers, de parois de haute montagne, de précipices et de pentes soumises à la force de l’érosion. Et puis, cette vallée des temps jadis fut dépucelé par la modernité. Les hélicoptères, les administrations, les artistes, les randonneurs lui firent une cour d'enfer.